Les communautés qui pratiquent l’extraction artisanale de l’or ont désespérément besoin de services financiers.

Non seulement les établissements formels comme les banques et les institutions de microfinance sont absents de la majorité des régions reculées, mais bien souvent, ils évitent d’accorder des prêts aux parties prenantes du secteur de l’extraction artisanale de l’or. En conséquence, ces dernières ont rarement accès à un compte bancaire et au crédit. Et les femmes sont encore plus désavantagées.

C’est ici que les groupes d’épargne communautaires comme les AVEC (associations villageoises d’épargne et de crédit) entrent en jeu.

Les AVEC offrent une alternative au financement parallèle en proposant des services financiers de base à des populations qui ont rarement, voire jamais épargné ou emprunté. En accédant à l’épargne et au crédit, les exploitantes et exploitants miniers peuvent investir dans d’autres activités génératrices de revenus, se constituer un fonds de secours et réduire leur dépendance envers les réseaux de crédit informels.

AFECCOR est un projet lancé par IMPACT en République démocratique du Congo en 2017, puis étendu au Burkina Faso dans le cadre du projet Fondations pour la paix en 2021.

Apprenez-en davantage sur le projet AFECCOR et sa stratégie de sensibilisation au genre et d’inclusion financière.

L’épargne et les prêts pour les membres de la communauté

Dans le cadre de ce projet, IMPACT a contribué à la création de 54 AVEC dans le Centre-Ouest et le Centre-Nord du Burkina Faso. Ce sont plus de 1 300 membres qui ont adhéré à ces collectifs, constitués de plus de 80 % de femmes. Principalement regroupées autour de cinq communautés minières artisanales des deux régions, les AVEC comptaient une majorité d’exploitantes et d’exploitants miniers artisanaux, mais aussi des personnes pratiquant notamment le commerce et l’agriculture.

Au cours de leur première année (de décembre 2021 à décembre 2022), les membres des 54 groupes ont réussi à épargner conjointement une somme impressionnante, soit plus de 131 000 $ US.

Chaque membre a épargné individuellement environ 8 $ US par mois, un montant considérable quand on le compare aux revenus locaux. En effet, selon les études menées par IMPACT dans les deux régions, le salaire moyen s’élève à 98 $ US par mois pour les hommes et à seulement 28 $ US par mois pour les femmes.

La plupart des membres, soit 94 % des femmes et 87 % des hommes, ont contracté des emprunts auprès de leur groupe. Bon nombre ont utilisé leurs économies ou leur prêt pour lancer ou bonifier des activités rémunératrices dans de petits commerces et services comme le transport et les services alimentaires (43 %). Cette aide contribue directement à diversifier les économies locales des communautés minières rurales, qui sinon dépendent grandement des importations provenant d’autres régions plus agricoles. D’autres ont utilisé leurs économies et emprunts pour garantir la sécurité alimentaire de leur famille (20 %) ou encore pour payer des droits de scolarité (18 %), des frais médicaux (17 %) ou des frais funéraires (2 %).

Le fonds de solidarité soutient des projets communautaires

Outre l’épargne hebdomadaire, les membres contribuent à un fonds de solidarité qui leur sert d’assurance en cas de dépenses imprévues pouvant influencer leur bien-être. Elles et ils ont versé près de 7 694 $ US dans ce fonds d’urgence destiné à les aider à régler les frais funéraires et médicaux.

Au lieu d’encaisser les montants résiduels, les membres ont décidé de les mettre en commun pour subvenir aux besoins de leur communauté. Ainsi, les AVEC du Centre-Ouest ont acheté 14 matelas pour 2 dispensaires, tandis que dans le Centre-Nord, les fonds sont allés à divers projets de modernisation des installations communautaires, tels que l’aménagement d’un nouveau puits, la réparation des latrines d’une école et la réfection d’une route. Ces dons ont été bien accueillis par les autorités coutumières des deux régions, qui ont publiquement réaffirmé leur soutien aux groupes d’épargne communautaires.

Apprenez-en davantage sur les résultats du projet AFECCOR au Burkina Faso.

À l’issue du premier cycle financier, les 54 AVEC ont décidé de poursuivre leurs activités. De plus, 19 autres ont vu le jour, soit 6 dans le Centre-Nord et 13 dans le Centre-Ouest.

La mise sur pied d’AVEC au sein des communautés minières artisanales revêt une dimension stratégique pour tout projet d’approvisionnement responsable. Il s’agit d’un modèle qui a fait ses preuves quand il s’agit de favoriser l’inclusion financière et la formalisation su secteur.

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Le projet AFECCOR a été mis en œuvre en partenariat avec l’Alliance pour une mine responsable (ARM) dans le cadre du projet Fondations pour la paix. Ce dernier est rendu possible grâce à l’appui financier du gouvernement du Canada agissant par l’entremise d’Affaires mondiales Canada.


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