Un nouveau rapport met en lumière le rôle de premier plan que joue l’accès au financement dans la réussite des projets de formalisation et d’approvisionnement responsable

Ottawa (Canada) – jeudi 30 mars 2023

Le plus récent rapport d’IMPACT révèle comment, faute d’accès aux institutions financières formels, la main-d’œuvre du secteur de l’or artisanal s’enlise dans le cycle de l’illégalité, – une situation qui alimente leur dépendance envers des prêteurs informels et, parfois, prédateurs.

Les tentatives de légaliser et de formaliser le commerce l’or dans les communautés qui pratiquent l’extraction artisanale doivent s’accompagner d’un accès à des formes de financement telles que les groupes d’épargne communautaires, qui peuvent servir de première porte d’entrée vers l’inclusion financière.

Dans son plus récent rapport, Inclusion financière par la base : Comment l’épargne communautaire peut ouvrir la voie à la formalisation de l’or artisanale au Burkina Faso, IMPACT se penche sur le rôle que joue le financement dans les initiatives visant à formaliser le commerce de l’or et à mettre fin aux pratiques illicites. Cette étude porte sur le secteur de l’extraction artisanale de l’or au Burkina Faso, mais ses conclusions peuvent s’appliquer à d’autres géographies.

Même s’ils sont privés d’accès bancaire, bon nombre d’exploitantes et d’exploitants miniers artisanaux requièrent du préfinancement pour subvenir à leurs besoins essentiels au cours des travaux d’orpaillage ou pour gérer leur trésorerie pendant les cycles de négociation. Aussi se tournent-ils vers des prêteurs informels souvent sans scrupules – généralement d’autres acteurs de la chaîne d’approvisionnement – qui, à leur tour, sont perçus comme un risque à la conformité par les institutions financières et les joueurs du marché officiel. Cette situation laisse les personnes qui extraient ou qui négocient l’or artisanal dans une situation de dépendance envers le financement informel.

Autrement dit, même si les travailleuses et travailleurs artisanaux souhaitent entrer sur le marché légal et formel, ils sont poussés dans le cercle vicieux du commerce parallèle illicite.

« Malgré l’ampleur des efforts déployés pour favoriser l’accès aux marchés internationaux, bien des communautés avec lesquelles nous travaillons demeurent non bancarisées et privées d’accès à du financement. Or, l’inclusion financière est la clé pour que les actrices et acteurs de la chaîne d’approvisionnement n’aient plus un statut officiel uniquement sur papier, mais qu’ils cheminent réellement sur la voie du commerce légal, » explique Kady Seguin, directrice des politiques et de la recherche au sein d’IMPACT.

IMPACT a mené une enquête auprès de cinq communautés minières artisanales dans les régions du Centre-Ouest et du Centre-Nord du Burkina Faso. Au sein de ces communautés, ce sont moins de 7 % des hommes et 3 % des femmes qui ont un compte bancaire, contre une moyenne nationale estimée à 25 %. Aucune femme de ces communautés n’a jamais contracté d’emprunt auprès d’une institution financière officielle. Aux dires des répondantes et répondants interrogés à ce sujet, leur financement provient de proches, d’amis ou des commerçants locaux.

Les exploitantes minières sont touchées de manière disproportionnée par ce manque d’accès. Or, sans fonds, elles ne peuvent améliorer leurs méthodes ni accroître leurs revenus. Et lorsque du financement devient accessible, elles sont souvent laissées pour compte, ce qui les oblige à poursuivre leurs activités de manière officieuse. Cette situation creuse davantage les inégalités entre les genres et accentue le déséquilibre des pouvoirs.

De l’avis d’IMPACT, les groupes d’épargne communautaires comme les AVEC (associations villageoises d’épargne et de crédit) représentent des solutions d’entrée de gamme intéressantes pour favoriser l’inclusion financière de la main-d’œuvre artisanale, et surtout des femmes. Dans ce modèle, les membres se réunissent régulièrement pour placer leur argent dans l’épargne de leur association et prêter des fonds à ses membres. Contrairement aux pratiques en vigueur dans les institutions de microfinance, les intérêts payés sur les prêts retournent dans la caisse commune, si bien que les membres voient leur avoir fructifier au fil du temps. Au terme d’un cycle d’un an, chaque membre reçoit sa quote-part de cette épargne, majorés par des intérêts perçus sur les prêts.

IMPACT a été l’un des premiers organismes à implanter ce modèle au sein des communautés aurifères artisanales dans le cadre de son projet AFECCOR. L’organisme a soutenu la création de 50 AVEC en République démocratique du Congo en 2018 et de 54 autres au Burkina Faso en 2022. Dans les deux pays, plus de 2 700 femmes et hommes ont épargné conjointement plus de 176 000 $ US.

« D’après notre expérience et nos observations, les groupes d’épargne communautaires comme les AVEC ont le pouvoir de favoriser la sécurité et la résilience économiques, mais aussi la légalité du commerce. Ces groupes d’épargne peuvent marquer un premier pas vers la formalisation des associations minières ou des groupes de femmes en assurant la transition vers le marché légal, » fait valoir Kady Seguin.

Comme l’explique le rapport, les groupes d’épargne communautaires peuvent évoluer vers des collectifs d’exploitantes et d’exploitants artisanaux de plus grande envergure ou des regroupements plus officiels, en particulier des regroupements de femmes. Depuis toujours, observe IMPACT, l’offre de financement communautaire représente une première étape vers l’établissement d’associations d’exploitantes minières. Ainsi, la création de la première association d’exploitantes minières artisanales dans la province congolaise de l’Ituri est le fruit d’une initiative menée par les adhérentes des AVEC dans leurs communautés respectives.

Le rapport encouragent l’inclusion financière en tant que pilier des projets de formalisation. IMPACT recommande d’offrir aux membres des communautés minières artisanales des services financiers d’entrée de gamme, tels que les groupes d’épargne communautaires, pour leur permettre d’acquérir des notions financières et d’accéder par la suite à de nouvelles formes de financement officielles.

Téléchargez le rapport complet ici.

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Remarque à l’intention de la rédaction :

AFECCOR est un projet mené par IMPACT pour favoriser l’accès à l’épargne et au crédit des communautés pratiquant l’extraction artisanale de l’or. En accédant à l’épargne et au crédit, les membres peuvent investir dans d’autres modes de subsistance et activités rémunératrices, se constituer un fonds de secours et réduire leur dépendance envers les réseaux de crédit parallèles. IMPACT a lancé le premier projet AFECCOR en 2017 en République démocratique du Congo. Le projet a été étendu au Burkina Faso en 2021, puis au Mali en 2022. Consultez les derniers résultats du projet.

Contact pour les médias :

Zuzia Danielski, directrice des communications

zdanielski@impacttransform.org | +1 613 263-0661

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