L’exploitation minière artisanale se déroule souvent dans des zones où la sécurité et les droits de la personne sont menacés. Les femmes représentent 30 % de la main-d’œuvre, mais elles sont aux prises avec de nombreuses difficultés, notamment en ce qui concerne leur sûreté et leur sécurité.

On insiste beaucoup sur l’approvisionnement responsable et l’égalité des genres dans les communautés minières, mais il faut aussi veiller à la sécurité des femmes au sein de leur communauté, sur le site minier et à la maison.

Les différentes facettes de la sécurité des femmes

La sécurité physique met l’accent sur la sécurité et l’absence de violence et garantit que les femmes disposent de services de soutien, un aspect important tant à la maison que dans la communauté. Les dangers qui guettent les femmes peuvent être liés à la présence de groupes armés et de forces de sécurité, ou à l’isolement des sites miniers dans des régions reculées.

La sécurité économique ne signifie pas seulement une augmentation du revenu, mais également un contrôle sur le revenu et une gestion stratégique pour assurer une amélioration durable des moyens de subsistance. Ces stratégies peuvent inclure l’adhésion à un groupe d’épargne communautaire, comme le projet AFECCOR, ou l’investissement dans des moyens de subsistance autres.

La sécurité foncière détermine qui a accès aux ressources naturelles et qui en bénéficie, tandis que la sécurité alimentaire garantit que les femmes et les personnes à leur charge ont un accès constant à une alimentation adéquate, sûre et nutritive. Le manque d’accès à la terre ou à la nourriture peut être aggravé par les tensions ethniques et intercommunautaires, ainsi que par la migration des populations fuyant les conflits armés d’autres régions.

Il est important de noter que les communautés minières artisanales sont souvent dominées par des idéaux patriarcaux, les décisions sont donc prises par les hommes en fonction de leurs propres intérêts. Dans ce contexte, les femmes ne peuvent pas participer à la résolution des conflits et des différends qui les concernent, elles et leurs familles.

Les exploitantes minières deviennent des bâtisseuses de la paix

En 2018, par l’entremise du projet Femmes de paix, IMPACT a offert son appui aux membres du Réseau pour l’autonomisation des femmes dans les communautés minières (REAFECOM) afin d’assurer leur sûreté et leur sécurité. REAFECOM est la première association d’exploitantes artisanales dans la province de l’Ituri en RDC et défend les intérêts de ces femmes afin de promouvoir leurs droits dans leurs communautés respectives. La sécurité a été cernée comme étant l’enjeu le plus important.

IMPACT a aidé REAFECOM à mettre en place 14 noyaux de paix communautaires, situés dans les communautés pratiquant l’extraction artisanale de l’or et sur les sites miniers du territoire de Mambasa. Les membres de REAFECOM qui ont dirigé les noyaux de paix ont été formés à la prévention et à la résolution pacifique des conflits. Les femmes ont ainsi acquis de nouvelles compétences en matière de médiation et de négociation.

Les noyaux de paix offrent aux membres de la communauté des services de médiation volontaires. La sensibilisation et les dialogues à l’échelle de la communauté ont contribué à accroître la popularité des noyaux de paix, ainsi qu’à reconnaître leur pertinence.

REAFECOM a compris qu’il était important d’atteindre les autorités coutumières afin d’obtenir un changement de comportement au sein des communautés. Les autorités coutumières ont été sensibilisées aux droits de la personne et aux questions de justice sociale, et leurs épouses et leurs filles sont devenues membres de REAFECOM. Des actions de sensibilisation similaires ont été menées auprès de la coopérative minière locale et des administrateurs du site minier – ce qui a conduit à des demandes de médiation de la part des dirigeants communautaires et miniers.

À la fin de l’année 2021, 63 conflits avaient été résolus pacifiquement grâce à 189 séances de médiation. Les services de médiation devaient surtout régler des problèmes liés à la violence psychologique, physique et économique à l’endroit de femmes au sein de ménages et de familles, ou à des litiges fonciers et interpersonnels.

Des services d’aide à la disposition des exploitantes minières

Parallèlement à leur volonté de devenir des bâtisseuses de la paix dans leurs communautés, les femmes de REAFECOM voulaient réduire les niveaux de violence et à améliorer l’accès aux services d’aide pour les survivantes.

En partenariat avec des organismes locaux, Solidarité Féminine pour la Paix Intégrale (SOFEPADI) et le Club des Volontaires pour l’Appui aux Peuples Autochtones (CVAP), REAFECOM a commencé à cartographier les sites miniers et les communautés afin d’analyser la situation des femmes et des filles au regard de la sécurité et de cerner les dangers qu’elles couraient – par exemple, en raison d’un endroit mal éclairé, de chemins isolés ou de la proximité des forces armées.

Cet exercice a permis de repérer les endroits présentant des risques élevés pour les femmes et les filles, et de dresser la liste des services d’aide disponibles. REAFECOM a pu mettre en place un système de réponse rapide à l’aide de téléphones portables et, en collaboration avec SOFEPADI, commencer à accompagner les survivantes de violences sexuelles pour qu’elles bénéficient des services dont elles avaient besoin.

En deux ans, REAFECOM a accompagné 70 survivantes de viols pour qu’elles accèdent aux soins de santé, au soutien psychologique et aux services juridiques. Trente-cinq des cas concernaient des mineurs – tous les auteurs présumés d’actes violents étaient des membres de la famille ou des membres proches de la communauté.

Un modèle évolutif pour la sécurité des femmes

La communauté internationale a déployé des efforts considérables pour intégrer les femmes aux efforts de leadership et de consolidation de la paix, notamment en adoptant la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations unies et des résolutions sur les femmes, la paix et la sécurité. Cependant, il faut du temps pour transposer ces efforts à l’échelle des communautés minières artisanales locales.

Le projet Femmes de paix amplifie les étapes franchies à l’échelle internationale et soutient les femmes des communautés minières artisanales pour qu’elles puissent exprimer leurs préoccupations, proposer des solutions et contribuer au dialogue sur la paix et la sécurité.

Photo de Zuzia Danielski : Des membres de REAFECOM participent aux célébrations de la Journée internationale de la femme à Mambasa, en République démocratique du Congo en 2019.


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