Les femmes exploitant une mine artisanale du Rwanda sont désormais invitées à venir travailler dans la zone semi-industrielle de la mine depuis que la direction a entrepris de mettre en œuvre les recommandations d’une étude en faveur de l’égalité des genres et de l’autonomisation économique des femmes.

La mine Gifurwe est une exploitation de tungstène située dans le nord du Rwanda. Elle est divisée en deux zones : une zone d’extraction artisanale et une zone de traitement semi-industriel. Les 350 employés de la zone semi-industrielle ne comptaient jusqu’ici aucune femme. Or, les emplois dans cette zone sont grandement convoités du fait qu’un salaire journalier est versé indépendamment des variations de production.

En juin 2018, le partenaire civil d’IMPACT, Women In/And Mining (WIAMO), a annoncé que huit femmes avaient été embauchées dans cette zone et que l’entreprise s’était engagée à recruter des femmes chaque mois jusqu’à ce que sa main-d’œuvre compte un important contingent de travailleuses.

Bien que les femmes sont un rouage essentiel de l’exploitation minière artisanale et à petite échelle, elles gagnent moins d’argent que les hommes et leur participation dans les zones semi-industriel est généralement plus limitée. Des obstacles tels que ceux-ci limitent leur participation dans ce secteur ainsi que leurs perspectives en tant qu’actrices socioéconomiques.

Depuis 2015, IMPACT étudie, en collaboration avec l’Université Carleton et le Centre de recherche en développement et analyse des politiques sociales (DRASPAC) de l’Ouganda, la réalité des femmes dans l’exploitation minière artisanale et à petite échelle de l’étain, du tantale, du tungstène et de l’or dans trois pays : la République démocratique du Congo, le Rwanda  et l’Ouganda

Cette étude met en lumière la discrimination et les inégalités auxquelles les femmes font face dans le secteur minier. Il leur est souvent impossible d’accéder aux postes les mieux rémunérés parce que leurs compétences techniques et leur force physique sont régulièrement mises en doute. De plus, elles doivent surmonter des croyances et des préjugés selon lesquels il est inconvenant pour une femme de travailler dans une mine puisque cela va à l’encontre des normes sociétales de modestie et peut être considéré comme immoral pour une femme. L’étude a dévoilé qu’aucune femme n’était embauchée dans la zone semi-industrielle de Gifurwe en raison de préjugés tenaces, le directeur estimant que « la présence de femmes rendrait les hommes mal à l’aise ».

En outre, l’étude formule des recommandations afin d’améliorer les débouchés des femmes dans le secteur rwandais de l’exploitation minière artisanale. L’une de ces recommandations consiste à contrer les formes de discrimination enracinées dans la culture et à permettre plus systématiquement aux femmes d’occuper des emplois à tous les échelons en milieu minier.

Le secteur est un moteur important de l’autonomisation économique des femmes, qui en tirent une source de revenus fiable et qui peuvent ainsi contribuer à subvenir aux besoins de leur ménage. L’accès des travailleuses à la zone de traitement semi-industrielle marque un tournant majeur pour les femmes à Gifurwe, mais aussi pour la communauté tout entière.

Photo : Des femmes minières artisanales de deux sites miniers au Rwanda, qui ont participé au programme de recherche CEDEF, assistent à un atelier à Kigali en décembre 2017 pour partager leur appel à la réforme

Le projet de recherche mené au Rwanda s’inscrit dans l’étude Femmes dans l’exploitation minière artisanale et à petite échelle en Afrique centrale et en Afrique de l’Est. Ce projet fait partie du programme Croissance de l’économie et débouchés économiques des femmes (CEDEF), financé conjointement par le Department for International Development (DFID) du Royaume-Uni, la William and Flora Hewlett Foundation et le Centre de recherches pour le développement international (CRDI) du Canada. Affaires mondiales Canada a octroyé un financement supplémentaire.