Situé dans le district de Kassanda, dans le centre de l’Ouganda, le site minier de Kayonza fourmille d’activité. Géré par l’Association minière Kitumbi-Kayonza, qui compte plus de 40 membres, dont 5 directeurs, le site produit entre 1,5 et 2,5 kg d’or par mois. Il se compose de 51 fosses minières, de deux centres de traitement et de près de 30 usines de traitement. Son exploitation ininterrompue témoigne de la résilience de la communauté et de son engagement envers des pratiques d’extraction plus responsables.
Réduire l’utilisation du mercure avec le projet planetGOLD Ouganda
Le projet planetGOLD Ouganda collabore avec des communautés locales pour réduire l’utilisation du mercure – un enjeu environnemental et sanitaire majeur – dans le cadre de l’exploitation minière artisanale et à petite échelle (EMAPE) de l’or. Le projet vise à améliorer aussi bien le bilan environnemental que le bien-être des personnes pratiquant l’extraction.
Financé par le Fonds pour l’environnement mondial (FEM) et mené sous la direction du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), le projet planetGOLD Ouganda est mis en œuvre par IMPACT en partenariat avec l’Autorité nationale ougandaise de gestion de l’environnement (NEMA) et la Direction des Levés géologiques et des Mines (DGSM). En août 2023, l’équipe du projet a visité le site minier de Kayonza afin de dresser l’inventaire des succès et des défis au sein du secteur de l’EMAPE de l’or. Les membres de l’équipe ont discuté avec des exploitantes et exploitants miniers, des leaders communautaires et des parties prenantes pour comprendre les pratiques minières et envisager des pistes de solutions plus durables et équitables.
Répondre aux préoccupations environnementales et sanitaires
Lors des réunions, des fonctionnaires du district de Kassanda ont fait part de leurs inquiétudes relatives à des pratiques minières non sécuritaires. Il a été question de la dégradation importante de l’environnement, notamment du fait de fosses minières abandonnées et de l’utilisation dangereuse du mercure, qui présente des risques graves pour la santé. Les fonctionnaires ont en outre indiqué que la communauté ne recevait pas une juste part des bénéfices de la production d’or du district.
Le rôle incontournable de l’exploitation minière artisanale
Plus de 90 % de la production aurifère de l’Ouganda – soit plus de 7,081 kg d’or par an – provient de l’exploitation minière artisanale. Plus de 31 000 personnes travaillent dans ce secteur, principal employeur d’exploitantes et exploitants d’or dans le pays. Si le secteur demeure surtout informel et s’appuie sur des méthodes d’extraction rudimentaires, des initiatives visant à le formaliser et à promouvoir des pratiques plus responsables ont été mises en œuvre.
Promouvoir des pratiques plus sécuritaires
À la mine de Kayonza, l’Association minière Kayonza-Kitumbi promeut avec un certain succès des pratiques de manipulation du mercure plus sécuritaires auprès de ses membres. L’Association a délimité une zone spéciale pour l’utilisation et l’élimination du mercure afin d’éviter la contamination de l’eau.
Le mercure est frappé d’interdiction en Ouganda, et les exploitantes et exploitants indiquent avoir essayé des solutions de rechange comme le borax, mais ces méthodes ne se sont pas révélées concluantes pour la production d’or. Une lacune importante subsiste : les exploitantes et exploitants qui manipulent du mercure ou travaillent dans des fosses minières ne disposent pas du matériel de protection approprié. En discutant avec certaines de ces personnes au cours de la visite, en environnement du district de Kassanda a souligné l’importance du port de matériel de protection pour la santé et la sécurité.
Éliminer les obstacles pour les femmes dans l’exploitation minière
Les femmes jouent un rôle décisif dans le secteur de l’extraction artisanale de l’or en Ouganda, dont elles composent 45 % de la main-d’œuvre. D’après une étude d’IMPACT, l’extraction artisanale de l’or représente une source de revenus lucrative pour les femmes, générant des gains trois fois supérieurs à d’autres activités au sein de leurs communautés.
Néanmoins, il reste du chemin à parcourir pour faire du secteur un modèle d’inclusion et d’égalité pour les femmes. Celles-ci sont souvent reléguées à des activités moins rémunératrices sur le site minier ou sont moins payées que les hommes pour les mêmes tâches. À la mine de Kayonza, les femmes se contentent généralement d’acheter du minerai d’or, de le broyer manuellement puis de le laver à l’aide de mercure.
Sylvia Nankusu, un cas emblématique
Âgée de 35 ans, Sylvia Nankusu, mère de trois enfants, est le principal soutien financier de son foyer. En raison de la distance entre son domicile et le site minier, Sylvia vit loin de sa famille, qu’elle retrouve seulement les fins de semaine. À la mine de Kayonza, Sylvia achète des sacs de minerai d’or extrait des fosses. Elle passe ses journées à broyer, à faire sécher et à laver le minerai afin d’obtenir de la poussière d’or. Elle utilise du mercure pour séparer plus facilement l’or de la roche. Ses revenus dépendent de la quantité d’or qu’elle récupère ainsi chaque jour. Un sac de minerai contient une quantité d’or indéterminée, et son paiement est basé sur l’or qu’elle obtient grâce à ce procédé.
Sylvia décrit son travail comme un jeu de hasard, car ses gains ne sont jamais garantis. « On peut acheter pour 100 000 shillings ougandais de minerai (26 $ US) et obtenir pour 13 000 shillings ougandais (3 $ US) d’or ou, à l’inverse, acheter pour 30 000 shillings ougandais (8 $ US) de minerai et obtenir 1 gramme d’or valant environ 185 000 shillings ougandais (49 $ US) », explique-t-elle.
En tant qu’exploitante minière, Sylvia se heurte à d’autres difficultés. Ses consœurs et elle ne sont pas autorisées à descendre dans les fosses pour extraire du minerai comme leurs homologues masculins. Quelquefois, ces derniers refusent de leur vendre du bon minerai. « Alors qu’ils extraient du minerai visiblement susceptible de contenir de l’or, ils préfèrent nous vendre celui qui en contient à peine. Si les femmes avaient accès à du matériel qui leur permettait d’extraire le minerai elles-mêmes, les affaires marcheraient peut-être mieux pour elles », dit-elle. Malgré ces obstacles, Sylvia se dit reconnaissante pour les avantages que lui a offerts ce travail. « J’ai acheté un terrain à Kassanda sur lequel j’ai bâti une maison. Je participe également aux frais de scolarité de mes enfants avec mon mari », ajoute-t-elle.
Renforcer l’autonomie
L’Association minière Kayonza-Kitumbi donne à ses membres les moyens de respecter la réglementation minière de l’Ouganda et de renforcer leur position dans la chaîne d’approvisionnement. Ses membres peuvent emprunter de l’argent aux grandes entreprises qui achètent l’or, le traiter, le vendre, puis rembourser les prêts. Ces emprunts sont possibles grâce à l’Association, qui détient un permis valide, a enregistré tous ses membres et veille au respect de ses règles – une étape importante vers la formalisation du secteur. Par conséquent, les exploitantes et exploitants ne se retrouvent pas exclus de force du secteur à cause d’un manque de ressources.
Par ailleurs, l’Association a mis sur pied une coopérative d’épargne et de crédit à l’intention de ses membres. Cette coopérative démarrera ses activités une fois que la campagne de sensibilisation de la communauté sera terminée et favorisera encore la stabilité financière et la croissance des exploitantes et exploitants.
Le site minier de Kayonza illustre à la fois les défis et les possibilités qui se présentent pour le secteur de l’EMAPE de l’or en Ouganda. Grâce au projet planetGOLD Ouganda et aux efforts de l’Association minière Kayonza-Kitumbi, d’importants progrès sont réalisés dans la promotion de pratiques plus sécuritaires et responsables, et renforcent la stabilité des exploitantes et exploitants. À mesure que le secteur évoluera, l’engagement de la communauté de Kayonza et de ses partenaires se révèlera déterminant pour susciter un changement positif et assurer à toutes les personnes concernées un avenir plus prospère.
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